On a lu pour vous…
Ce livre connaît un beau succès outre-Quiévrain. Sorti quelques semaines avant la loi française sur la reconnaissance des AP (cf. https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000038496095&categorieLien=id), il a été écrit par une médecin, spécialiste de santé publique. Prolongement de sa thèse sur les « aidants proches », son « plus » est que l’auteure elle-même confie, dans son livre, avoir été aidée par sa mère, durant sa maladie. Son contenu est dense, car H. Rossinot envisage la thématique à plusieurs niveaux : depuis les recensions mondiales de nombre d’AP jusqu’à leurs vécus à domicile ou en hôpital, en passant par les « jeunes AP », son regard balaie un vaste panorama de l’aidance.
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Nous avons été particulièrement sensibles à son plaidoyer pour la « reconnaissance » des AP : H. Rossinot exprime en effet qu’une reconnaissance légale, largement ouverte à tous les AP, est une avancée mais qu’elle ne suffit pas… La reconnaissance des AP passe aussi par le fait que la société elle-même doit ouvrir les yeux, et accorder une valeur positive à l’engagement manifesté par les AP. Pour autant, résumer un individu à son « statut » d’AP, c’est le restreindre à une étiquette, sans percevoir ses besoins, ses attentes… Le risque est alors grand, d’une incompréhension réciproque entre AP et professionnels, chacun attendant de l’autre des rôles et des attitudes calqués sur « ce qui devrait être »… On projette des attentes, et/ou on mésestime les limites réciproques… Et c’est tout le mécanisme délicat de l’articulation entre soignants et aidants, qui s’enraie. H. Rossinot invite alors les professionnels à questionner les systèmes de soins. Elle renvoie aussi à la responsabilité des encadrants et des directions d’établissements et d’équipes. S’il est des choses que l’on ne peut éviter à l’AP (la peur, le poids du quotidien, la peine…), il en est d’autres qui, selon elle, auront clairement un impact dans les années à venir. La place de l’AP dans la prise en charge, son accompagnement face à la grande vulnérabilité de son proche, les questions douloureuses de fin de vie… devraient faire partie intégrante des formations des professionnels. « Reconnaître, écouter, orienter » devrait être un triptyque incontournable chez les professionnels… Le tout associé à une délicatesse de dentellière, parce que chaque situation rencontrée est, par essence, unique. Et que parce que « chaque décision a des conséquences et entraîne, de la part de celui qui les prend, des responsabilités » (p. 89).