On a lu pour vous…
Venu du Canada, cet ouvrage propose une sensibilisation des intervenants du social et de la santé à la réalité des aidants. Il propose d’aborder leurs besoins peuvent être abordés par un counseling de 6 à 12 séances, pour mieux contrôler leur réalité psychosociale, via divers moyens : l’amélioration des aptitudes à résoudre les problèmes, la prévention des crises, l’amélioration du bien-être et de la relation avec la personne aidée, la réduction du stress, la consolidation du réseau, le lien vers des ressources complémentaires, professionnelles ou informelles. En plus d’exercices et de thèmes de réflexion, le livre propose aussi des concepts pour mieux comprendre la réalité des aidants et envisager de nouvelles pistes d’intervention. Le maître mot des interventions reste l’adaptabilité à la situation, en étant centré sur les besoins de l’aidant. Pour cela, toute la démarche est basée sur la reconnaissance des compétences acquises par les aidants au fil de leur accompagnement.
En plus de cas pratiques, fil rouge du livre, l’auteure Marjorie Silverman évoque les modèles théoriques, support au décodage des besoins des aidants. Envisageant le rôle complexe de l’intervenant, elle présente les étapes qui ponctuent une trajectoire d’aidant, les besoins qui y sont liés et les types d’intervention à mettre en place. Elle explique aussi les limites d’une intervention psychologique.
En développant des modèles théoriques, l’idée est d’apporter aux professionnels une boîte à outils leur permettant de répondre aux signaux décodés chez les aidants. Ainsi Michel et Sylvie, en tant que mari/beau-père et fille, ont certes des visions identiques de leur rôle d’aidant, parce tous deux sont impliqués, mais alors que Michel fait état d’un grand stress, Sylvie, elle, est davantage culpabilisée par le fait de négliger sa propre famille, pour prendre soin de sa mère – l’épouse de Michel. Pour le 1°, « l’autonomisation » sera sans doute une aide (cette notion étant « éclairante » chez des aidants se sentant impuissants, non reconnus par le système dans leur expertise, perdant leur estime de soi et leur bien-être), là où chez Sylvie, c’est peut-être « l’approche féministe » qui sera une clé (en déconstruisant le rôle et les normes qui pèsent sur les femmes, culturellement et historiquement assignées à des activités de care).
Un axe essentiel du counseling réside dans l’identification des besoins des aidants, afin de déterminer les zones de leur vie qui sont impactées par leur accompagnement. En mettant en perspective leur situation, avec une focale de 180° (grâce à un outil appelé L’aide-proche), ils réalisent bien souvent l’étendue des tâches qu’ils assument, et ce que cela entraîne comme conséquences dans leur propre vie. En plus d’une évaluation de l’état psychologique de l’aidant, il permet de détecter les signes avant-coureurs de crise, tout en ayant des moments d’évaluation du processus de counseling. Ce processus suit les étapes que traversent généralement les aidants. La 1°, se traduit par l’annonce du diagnostic, un moment d’intense émotion qui se traduit par un besoin d’information et de ressources. Débordé de toute part, l’aidant n’est pas toujours conscient qu’il a basculé dans ce rôle. L’étape intermédiaire, marquée par l’apparition de comportements difficiles chez la personne aidée, nécessite de réfléchir à ses limites comme aidant, et d’oser une demande d’aide. La dernière étape, qui voit souvent la détérioration de l’état de santé de l’aidé, conduit à des ruptures, symboliques ou réelles, du lien, qu’il s’agisse d’un hébergement ou d’un décès, avec les questions juridiques sous-jacentes. Un point intéressant, est celui consacré à l’étape de « l’après-aidance », qui mêle soulagement et tristesse. Le counseling permet alors de faire face à la perte d’un rôle, mais aussi d’aborder une redécouverte de soi, en identifiant « ce qui a été perdu et ce qui est gagné ».
L’ouvrage cible aussi les problèmes auxquels l’intervenant professionnel peut être confronté. Ainsi, les phénomènes de « résistance » chez l’aidant nécessitent de revenir à la demande de départ (pourquoi est-ce que cette aide a été sollicitée ?) De même, ne parler que du proche aidé est peut-être un moyen de taire ses propres peurs ou ambivalences, tout comme la difficulté à se fixer des objectifs… Dans les cas extrêmes, il se peut que le counseling doive être interrompu : le moment est peut-être tout simplement… inadéquat. Il faut aussi savoir conclure cette démarche. Rassurer l’aidant passe par exemple, par le fait de lui proposer une rencontre 2 mois après la fin du counseling, pour l’encourager à poursuivre son cheminement sans se sentir complétement abandonné.